Bilan économique du Canada en 2023 : Surprenante résilience et perspectives pour 2024

17 janvier 2024

Il existe un lien entre vigueur économique et volume d’exportation, aussi les perspectives économiques générales sont un bon indice pour permettre d’imaginer ce que sera l’année à venir pour les affaires des entreprises et leurs exportations. Alors que 2023 a été marqué par la stagnation de l’économie mondiale, de nombreuses perturbations des chaînes d’approvisionnement et un contexte géopolitique très instable, l’économie canadienne a, elle, poursuivi sa relance après la pandémie, malgré l’inflation, la hausse des taux d’intérêt, ou encore la baisse de la consommation des ménages et des entreprises.  

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2023 : Un bilan mitigé mais au-delà des attentes

Si plusieurs économistes, notamment canadiens, avaient prévu une récession économique pour 2023, il s’est avéré que l’économie canadienne s’est mieux portée que l’on ne l’imaginait. Avec une croissance économique estimée à 1,1%, le Canada a affiché la croissance la plus rapide du G7 de janvier 2022 à fin juin 2023. 

Selon la Banque de Développement du Canada (BDC), « environ 430 000 emplois ont été créés entre janvier et novembre 2023 ». Malgré l’inflation, l’économie canadienne a connu une forte demande, et son marché de l’emploi propose une offre relativement importantede la main d’œuvre, tout ceci grâce à l’accroissement de sa population.  

Croissance du PIB réel dans les économies du G7de 2022 à 2023

Une croissance démographique qui a d’ailleurs été à l’origine de la croissance des dépenses des ménages selon Carrie Freestone, économiste à RBC. Quant au produit intérieur brut (PIB), il a connu une augmentation de 2,6% au premier trimestre de l’année, avant d’entrer dans une phase de stagnation au deuxième trimestre.  

En outre, la croissance annuelle des salaires horaires a atteint une moyenne de 4,9%, entre janvier et septembre 2023, favorisant ainsi une croissance du revenu des ménages. À ce propos, Statistique Canada souligne dans son rapport intitulé « Développements récents de l’économie canadienne : automne 2023 », qu’au cours de l’année, le revenu disponible des ménages a connu une croissance de 2,6%.  

Les dépenses en dollars courants des ménages ont, quant à elles, augmentées de 1 %, et le taux d’épargne des ménages de 5%. Toutefois, les ménages, au même titre que les entreprises, ont diminués leurs dépenses en dollar réel, et leurs consommations en terme relatif tout au long de l’année. 

Cela est probablement la conséquence de l’augmentation du taux directeur par la Banque du Canada, et des taux d’intérêt par l’ensemble des institutions financières canadiennes. Précisons que la Banque du Canada a clôturé l’année 2023 avec un taux directeur de 5% qui est bien loin du taux neutre compris en 2 et 3%.  

En outre, l’indice des prix à la consommation (IPC) a connu une croissance ahurissante entre octobre 2022 et octobre 2023, puisqu’il a doublé voir triplé pour certains biens ou services de consommation.  

Variation des prix à la consommation entre 2022 et 2023. Source : Statistiques Canada, BDC
Variation des prix à la consommation entre 2022 et 2023. Source : Statistiques Canada, BDC 

Un bilan des exportations en amélioration malgré une période difficile pour les entreprises 

Par ailleurs, plusieurs entreprises canadiennes ont dû déposer le bilan et fermer leurs portes en 2023. D’après Statistique Canada, le nombre de fermetures d’entreprises a dépassé celui de la création d’entreprises au cours de la première moitié de 2023. En juin 2023, on comptait déjà 259 900 entreprises fermées pour 254 400 nouvelles entreprises créées.  

En ce qui concerne le commerce international, le Canada termine l’année 2023 sur une note très légèrement positive. D’après Statistique Canada, les exportations de marchandises du Canada ont augmenté de 2,7 % et les importations de 1,0 % en septembre dernier, comparativement au mois précédent.  

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Au cours de la même période, le pays affiche une balance commerciale de marchandise excédentaire. Les exportations du Canada en terme réel ont augmenté de 0,6 % au cours du troisième trimestre de 2023. Un résultat largement porté par la croissance des exportations réelles de produits énergétiques (+3,0 %). 

Pour l’ensemble du commerce des marchandises et des services, le Canada est passé d’une balance déficitaire de 633 millions de dollars en août 2023 à une balance excédentaire de 462 millions de dollars en septembre.  

2024 : quelques mois encore difficiles avant l’approche de perspectives plus positives 

D’après les prévisions de plusieurs institutions financières et gouvernementales, la situation économique canadienne actuelle va être maintenue jusqu’en fin d’année 2024 ou du moins pour les deux premiers trimestres. Selon la Banque de Développement du Canada (BDC) ou encore Deloitte Canada, une croissance économique est, certes, attendue pour 2024, mais elle devrait être inférieure à celle de l’année passée (+0,9%).   

Dans un scénario beaucoup plus optimiste, le Fond Monétaire International (FMI) prévoit une croissance de 1,5% pour le Canada, soit le meilleur taux de croissance parmi les membres du G7 pour 2024. Cela suppose que les entreprises et les ménages maintiennent la tendance des dépenses pour encore quelque mois. En ce qui concerne l’inflation, elle devrait baisser en dessous de 3 % au deuxième trimestre de 2024 pour s’établir à 2 % en fin d’année, d’après le gouvernement du Canada. 

Croissance du PIB réel selon les projections du FMI pour 2024, économies du G7

Dans l’optique de contrôler l’inflation, la Banque du Canada envisagerait de revoir à la baisse son taux directeur au courant de l’année. Une action qui impactera positivement les taux d’intérêt qui pourraient alors, eux aussi, être revu à la baisse.  

Par ailleurs, la forte demande intérieure va continuer à impacter positivement la croissance économique canadienne. En effet, comme souligné plus tôt, la croissance économique du Canada en 2023 a été significativement portée par sa croissance démographique. Les objectifs du gouvernement du Canada en matière d’immigration suggèrent que cette tendance sera maintenue pour l’année 2024. 

En outre, la relance économique attendue de l’autre côté de la frontière, caractérisée par un meilleur contrôle de l’inflation et du taux directeur par la Réserve Fédérale Américaine, devrait favoriser une augmentation des échanges commerciaux bilatéraux entre le Canada et les États-Unis

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2024 : Le gros du mal semble passé, mais quelques difficultés potentielles à surveiller 

Malgré ces prévisions optimistes, l’économie canadienne devrait connaitre quelques difficultés durant le premier semestre de 2024, notamment en raison de l’endettement très élevé des ménages. D’après Deloitte Canada, en pourcentage du PIB, les ménages canadiens sont les plus endettés des pays du G7.  

Selon la Banque Royale du Canada, les Canadiens consacrent déjà 15 % de leur salaire net au service de leurs dettes, une situation qui ne devrait guère évoluer au cours des prochaines semaines, du moins pour la première moitié de l’année. Par ailleurs, une croissance démographique plus élevée que la croissance de l’emploi est attendue pour 2024, incitant le gouvernement canadien à surveiller de près le taux de chômage, qui a déjà connu une légère augmentation depuis l’année précédente.

En conclusion, malgré un bilan mitigé de l’économie canadienne en 2023, une amélioration est anticipée pour 2024, bien que la tendance actuelle devrait perdurer au cours du premier semestre. Plusieurs entreprises canadiennes devront donc s’ajuster en conséquence. Les coûts élevés des intrants, les défis liés à la main-d’œuvre, et les taux d’emprunt élevés, qui ont largement contribué aux fermetures d’entreprises de l’année dernière, demeurent des éléments à considérer.  

À ce propos, le gouvernement du Québec vient depuis ce lundi 15 janvier d’ouvrir son programme d’aide financière à l’exportation PSCE, afin de permettre aux entreprises de faire face aux éventuels coûts liés à la production et à l’exportation de biens ou services. Le gouvernement du Canada compte faire de même très prochainement avec le programme CanExport. De quoi soulager certaines entreprises, notamment les PME québécoises qui, jusqu’ici, s’efforcent de maintenir leurs activités malgré les défis.  

Si vous êtes une entreprise québécoise avec des projets d’exportation et que vous souhaitez obtenir de l’aide pour faire votre demande de subvention pour le PSCE ou le CanExport, le service d’Exportation d’Excellence industrielle Saint-Laurent se fera un plaisir de vous accompagner. 

Sources :  

FES-EEA-2023-fr.pdf (canada.ca) 

Prévisions économiques pour 2024 : Perspectives transfrontalières sur les taux d’intérêt, l’inflation, le logement et plus encore – My Money Matters (rbcroyalbank.com) 

Perspectives économiques canadiennes pour 2024 | BDC.ca 

Rapport mensuel sur le commerce mondial – octobre 2023 (international.gc.ca) 

Le Quotidien — Commerce international de marchandises du Canada, septembre 2023 (statcan.gc.ca) 

Développements récents de l’économie canadienne : automne 2023 (statcan.gc.ca) 

Perspectives économiques de 2024. L’économie canadienne chancellerait entre le mauvais et le bon (linitiative.ca)