L’éco-conception, une démarche clé dans l’optimisation environnementale et l’innovation des processus

17 avril 2024

Le terme éco-conception est de plus en plus utilisé mais que signifie-il réellement? Quel est le but de l’éco-conception, comment éco-concevoir et pourquoi? Quels critères prendre en compte lors de l’élaboration d’un produit éco-conçu? C’est à l’ensemble de ces questions que nous allons tenter de répondre. 

Ingénieur devant un plan dans un atelier

Comme son nom l’indique, l’éco-conception est une démarche intégrant les aspects environnementaux et la protection de l’environnement dès la phase de conception des biens ou services. Elle a aussi pour objectif de réduire les impacts environnementaux des produits tout au long de leur cycle de vie : extraction des matières premières, production, distribution, utilisation et fin de vie. 

L’objectif est d’intégrer dès l’étape de conception des critères environnementaux en vue de réduire autant que possible l’impact environnemental d’un produit, d’un service ou d’un processus. En effet, on pense bien souvent à éco-concevoir un produit ou une gamme de produits, mais toute activité peut elle aussi être éco-conçue. 

La norme ISO 14001 définit l’éco-conception comme une « approche méthodique qui prend en considération les aspects environnementaux du processus de conception et développement dans le but de réduire les impacts environnementaux négatifs tout au long du cycle de vie d’un produit ». 

En intégrant l’environnement dès la phase de conception, on s’assure de considérer l’impact environnemental sur l’ensemble du cycle de vie du produit ou du service, incluant sa fin de vie. Cela favorise une optimisation totale de son empreinte écologique, en diminuant les impacts environnementaux néfastes tout en renforçant les impacts environnementaux bénéfiques. 

Qu’est-ce qu’un produit éco-conçu? 

Bien qu’il n’y ait pas de définition précise permettant de considérer qu’un produit est éco-conçu, on peut considérer qu’un produit applique les principes de l’éco-conception lorsqu’une amélioration significative de son impact environnemental est apportée par rapport à un produit de référence dans trois catégories principales : 

  • Les milieux naturels : acidification de l’air, écotoxicité aquatique, eutrophisation de l’eau, destruction des habitats, perte de biodiversité, appauvrissement des sols, etc. 
  • La consommation des ressources : épuisement des ressources, consommation d’eau, consommation d’énergie, etc. 
  • La santé humaine : destruction de la couche d’ozone, contribution à l’effet de serre, toxicité humaine, etc. 
Éco-conception et critères environnementaux
Un produit ou service est considéré éco-conçu lorsqu’il amène un impact environnemental positif pour la préservation des milieux naturels, des ressources ou de la santé humaine

L’éco-conception vise à optimiser le transport, à réduire la quantité de ressources utilisées, à limiter la consommation de ressources fossiles au profit de ressources renouvelables, d’incorporer davantage de matières recyclées, de réduire l’impact sur la biodiversité, de réduire la quantité de déchets produits en optimisant la durée de vie d’un produit, d’améliorer la recyclabilité d’un produit, et de faciliter sa réparabilité.  

En considérant l’ensemble des aspects environnementaux dès la naissance d’un projet, on optimise au maximum son impact environnemental

Il existe quatre façons d’innover associées à l’éco-conception : 

  1. L’amélioration de produit : on modifie un produit existant pour améliorer son impact environnemental, sans modification majeure de technologie 
  2. La reconception d’un produit : la fonction du produit est conservée, mais on remet en question chaque élément du produit, on repense son architecture  
  3. L’innovation fonctionnelle : on crée un nouveau produit ou une nouvelle technologie de façon à ce que le produit remplisse la même fonction mais de façon différente
  4. L’innovation sur le système de création de valeur : on modifie le système, l’organisation. Le modèle économique peut être modifié, comme lors du passage à l’économie de la fonctionnalité : on ne vend plus alors un produit mais un service. 
Ingénieur devant un écran pour l'éco-conception de produits

Les nombreux avantages des produits et des services éco-conçus 

Bien évidemment, l’éco-conception permet d’abord d’optimiser l’impact environnemental d’un produit ou d’un service, puis d’améliorer aussi votre image de marque comme entreprise soucieuse de son éco-responsabilité.  

Mais l’éco-conception apporte aussi de nombreux autres avantages : 

  • Prévenir les risques en agissant pour minimiser l’augmentation des coûts, limiter l’impact des bris de chaîne d’approvisionnement, réduire les retards de livraison et les changements de fournisseur 
  • Augmenter la rentabilité : la démarche d’éco-conception permet d’optimiser la quantité de matière et d’énergie utilisée, de sélectionner les matières/fournisseurs les moins à risque, et ainsi, d’optimiser les coûts de fabrication et de logistique 
  • Augmenter la capacité d’innovation : en intégrant des aspects environnementaux, elle favorise le développement de nouveaux modèles d’affaires et l’intégration de produits innovants 
  • Se démarquer de la concurrence et gagner des parts de marché : en développant des produits ou des services éco-conçus, vous répondez à la demande d’une nouvelle clientèle et vous vous distinguez de vos concurrents.  
  • Anticiper la réglementation : les réglementations à venir seront de plus en plus exigeantes sur la divulgation des données ESG et les résultats de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les entreprises devront réduire leurs émissions de portée 3 et les attentes seront de plus en plus fortes de la part de l’ensemble des parties prenantes.  

Méthode d’éco-conception et ACV analyse du cycle de vie

L’éco-conception d’un produit ou d’un service se déroule en quatre étapes principales : 

  1. La première étape consiste à définir le périmètre du projet : que veut-on éco-concevoir ? Un produit, une gamme de produits, un service,…. Pour cela, il est indispensable de bien définir les objectifs du projet ainsi que les enjeux de l’entreprise. 
  2. La deuxième étape consiste à réaliser une évaluation environnementale initiale : il s’agit d’évaluer l’impact environnemental et social d’une situation de référence dans le but d’évaluer par la suite l’amélioration du produit ou du service éco-conçu.
  3. La recherche de leviers d’amélioration : c’est ici que l’innovation prend toute sa place
  4. La dernière étape consiste à réaliser une évaluation environnementale comparative afin de s’assurer que la nouvelle solution est meilleure que la solution d’origine.   
Ecoconception
Source : https://www.eco-conception.fr/static/une-demarche-deco-conception.html 

Pour cela, la méthode couramment utilisée est l’analyse de cycle de vie (ACV). Il s’agit d’une méthode normée, encadrée par la norme ISO 1404X qui permet d’identifier les optimisations possibles. L’ACV est une méthode d’analyse de l’impact environnemental et social potentiel d’un produit ou d’un service, sur l’ensemble de son cycle de vie, depuis l’extraction des matières jusqu’à sa fin de vie. 

Cycledevie
Source : éco-conception.fr

A la différence d’un bilan d’émissions de gaz à effet de serre (bilan GES), qui évalue uniquement les émissions de gaz à effet de serre associées à une entité, l’ACV est multi-critères et évalue de multiples impacts environnementaux, associés à un produit ou un service. L’ACV permet donc d’aller plus loin en considérant plus de critères que le bilan GES.  

La finalité de ces 2 méthodes n’est pas la même : celle d’une ACV est de comparer les impacts environnementaux de différents produits ou services. En se comparant à une unité de référence, on peut faire le choix le plus écologique. Le bilan GES quant à lui permet de mesurer l’empreinte carbone d’une entreprise, mais n’a pas de finalité de comparaison, bien qu’il est possible de se comparer à ses pairs. 

Et lorsque vous réaliserez votre ACV, vous serez probablement très surpris de constater que les impacts ne sont pas toujours là où on le pense. En effet, si on pense souvent aux matières utilisées, plus renouvelables ou intégrant des fibres recyclées, on pense moins à l’impact de son transport ou à l’impact sur les populations locales.

A l’inverse, un concombre cultivé localement sous serre hors saison n’a pas nécessairement un meilleur impact qu’un concombre importé, de saison. C’est en réalisant une ACV qu’on s’en aperçoit et qu’on est capable de faire le meilleur choix et d’innover pour trouver la meilleure solution. Ainsi, lorsque le fabricant de la chaise Steelcase a réalisé que c’était le transport qui avait le plus d’impact, il a conçu un nouveau produit transporté démonté, en vue d’optimiser son transport.  

Si vous souhaitez en apprendre plus dans la démarche d’éco-conception et la réalisation d’analyses de cycle de vie, ne manquez pas notre Table de Développement durable de septembre qui traitera de ce sujet.