Les filiales étrangères : leviers de croissance économique

4 juin 2022

Peut-être certains d’entre vous ont en mémoire l’inauguration des nouvelles installations de Brystol-Myers Squibb dans le Technoparc Montréal en 2009 ? Mais peu se souviennent que l’entreprise américaine était belle et bien présente à Saint-Laurent dès 1952. 

Ancien batiment 1952 Brystol Myers Squibb
Ancien bâtiment de l’entreprise Squibb, occupé de 1952 à 2009, situé dans l’arrondissement de Saint-Laurent. 

C’est aussi le cas du fabricant de systèmes de communication et d’électronique Canadian Marconi Company, mieux connue aujourd’hui sous CMC Électronique, qui inaugurait en 1909 sa première usine à Montréal.    

CMC Electronique Systeme de Gestion de vol et daffichage FMS Expertus testing
Tests de système de gestion de vol et d’affichage FMS Expertus de CMC Électronique 

Plus récemment, l’entreprise suédoise Ericsson inaugurait son centre de recherche et de développement dans ses locaux de la route Transcanadienne.

Centre recherche et développement  d'Ericson à Saint-Laurent
Les bâtiments hébergeant le centre recherche et développement d’Ericsson dans l’arrondissement Saint-Laurent

En plus de nous faire remonter dans le temps, notre échange avec le commissaire en développement économique, M. Joseph Tuccinardi, nous permet d’en connaître davantage sur la présence des filiales étrangères sur le territoire et surtout, de la grande valeur qu’elles suscitent. 

Pour commencer, pourrais-tu nous expliquer ce qu’est une filiale ? 

Notre définition est bien simple : toute entreprise ayant son siège social à l’extérieur du Québec. La grande région de Montréal, qui inclut 83 municipalités et arrondissements, compte plus de 2 000 filiales. De ce nombre, 70 % ont un pied-à-terre sur l’Île de Montréal. 

L’arrondissement de Saint-Laurent est-il un lieu propice à accueillir des filiales étrangères ? 

Non seulement il est stratégique, mais le territoire est très attractif, et ce, depuis fort longtemps. En raison de l’ampleur de notre parc industriel, nous pouvons compter sur la présence d’un bassin intéressant de PME et de fournisseurs de services qui gravitent autour de ces filiales.

L’an dernier, 248 sociétés étrangères occupaient des espaces dans notre parc industriel, ce qui représente 9 % de toutes les entreprises locales. À elles seules, ces entreprises comptaient 21 800 travailleurs en 2021, c’est-à-dire 26 % des emplois parmi les entreprises à valeur ajoutée. 

En quoi devrions-nous être fiers de la présence de ces sociétés ici ? 

Ces entreprises investissent annuellement en moyenne 400 M$ par année. Malheureusement la pandémie a eu des répercussions, réduisant les investissements à 270 M$ en 2021. 

35 % des investissements totaux des entreprises laurentiennes proviennent des filiales. Ces sommes sont d’autant plus intéressantes qu’elles sont majoritairement consacrées à la recherche et au développement, à la formation et au perfectionnement de la main d’œuvre, aux équipements et aux infrastructures. 

Il s’agit donc d’un noyau important dans un contexte de développement économique. 

D’où proviennent les maisons mères de ces entreprises ? 

Comme je le mentionnais, en 2021, nous comptions 248 filiales étrangères dont 41 % avaient une maison mère aux États-Unis.  On pense par exemple à AbbVie, Grass Valley et Hollander.  

Il ne faut pas négliger le reste du Canada qui compte pour 31 % des filières étrangères de notre parc industriel.  Ici, on pense à AdMare BioInnovations, Le Château et Recochem.  

L’Europe représente 23% de toutes les filiales chez nous, incluant les chefs de file L’Oréal, Thales et Ericsson.  Asie compte pour 4% incluant les corporations Canon, YKK et Osuka. 

Et dans quels secteurs œuvrent-elles ?  

Trois principales grappes composent notre parc industriel.  On parle ici des Technologies de l’information (19% sont des filiales), des Sciences de la vie (13% sont des filiales) et de l’Aéronautique (6% sont des filiales). 

En quoi consiste ton travail avec les filiales étrangères? 

Tout d’abord, mentionnons que je ne travaille pas seul à rencontrer ce bassin d’entreprises. Montréal international est très présent et nous travaillons étroitement ensemble. Investissement-Québec et Hydro-Québec sont aussi de proches collaborateurs. 

Depuis 2004, ce sont plus de 360 visites conjointes d’entreprises qui ont été réalisées.

Ces visites de vigie consistent à poser un diagnostic et un état de situation selon divers indicateurs tels que l’immobilier, la chaîne d’approvisionnement, la rentabilité, etc.  Cette analyse de risque nous permet de juger du niveau de risque de l’entreprise soit de faible (l’entreprise est en bonne posture) à un niveau élevé (risque de fermeture ou de délocalisation). 

Quels conseils es-tu en mesure de donner aux dirigeants de ces filiales ? 

Lorsque je rencontre les gestionnaires locaux, je les assiste dans la détermination des enjeux pouvant influencer leur croissance (le manque de personnel par exemple) et j’identifie avec eux les besoins pouvant contribuer à leur croissance ou à leur rétention.  

Contrairement aux entreprises locales, les filiales locales ne sont pas seulement en concurrence avec d’autres entreprises du même secteur, mais elles le sont à l’échelle internationale. Cela n’est pas négligeable. 

Plusieurs facteurs ont une incidence directe sur ces entreprises.  On peut penser au protectionnisme, au rapatriement des filiales manufacturières (Re-Shoring), à l’inflation et aux récessions.

Malheureusement, la guerre qui sévit actuellement à un impact sur les marchés.  Et que dire des impacts de la pandémie ? 

Heureusement, l’équipe d’Excellence industrielle possède un bassin de commissaires expérimentés dédiés à accompagner les entreprises. N’hésitez pas à communiquer avec nous.