Améliorer la traçabilité de sa chaîne d'approvisionnement
15 mai 2024
La chaîne d’approvisionnement a été mise à rude épreuve avec les crises successives et les multiples événements liés aux changements climatiques. La proximité des fournisseurs induit par un approvisionnement plus local représente une solution aux entreprises soucieuses de réduire les risques de leur chaîne d’approvisionnement en limitant les transports, contribuant aussi à réduire les frais de conteneurs, l’émission de gaz à effets de serre ou encore les risques géopolitiques.
Connaissez-vous votre chaîne d’approvisionnement?
Avant de pouvoir réduire les risques liés à sa chaîne d’approvisionnement, il semble logique de connaître cette chaîne. Pouvoir connaitre et maîtriser les détails constitutifs de sa chaîne d’approvisionnement peut sembler fastidieux, pourtant maîtriser ces informations comporte son lot d’avantages concurrentiels.
Lorsqu’on parle d’amélioration ou de changement, il est nécessaire de commencer par l’évaluation de la situation actuelle, pour bien s’assurer de cibler ensuite les opportunités, d’établir les objectifs et de suivre les résultats.
Les raisons pour lesquelles il est bénéfique d’obtenir une visibilité sur la chaîne d’approvisionnement peuvent être multiples, nous en citerons trois principales:
- La pérennité de l’entreprise par la réduction des risques et des coûts, tout en augmentant la collaboration.
- Le renforcement de la traçabilité permettant de répondre aux attentes des parties prenantes de l’écosystème, et de futures régulations.
- L’amélioration de émissions indirectes de gaz à effet de serre (GES) provenant des activités de l’entreprise.
Aussi, plusieurs tendances actuelles incitent les industries à la collaboration et aux partenariats. Une meilleure connaissance de sa chaîne d’approvisionnement permet le renforcement de la collaboration en se rapprochant de ses fournisseurs : en partageant de l’information, en ouvrant des discussions, il est possible de créer ainsi des opportunités fructueuses et d’établir des partenariats.
L’identification des acteurs composant la chaîne d’approvisionnement parfois complexe
Partons d’un principe simple : on ne peut contrôler que ce qu’on mesure.
Une identification des acteurs et des étapes clés constituant la chaîne d’approvisionnement est la première phase permettant de mieux la connaître. Détenir une meilleure visibilité des éléments pouvant entraîner des risques pour l’entreprise permet ensuite d’élaborer des stratégies adaptées.
Cette information permet d’avoir une visibilité sur plusieurs facteurs comme les acteurs impliqués, la complexité ou la simplicité de sa chaîne, les modes de transport, la provenance ou les lieux de l’extraction des matières premières, les étapes de transformations permettent de définir les dépendances et de cibler les risques.
Afin de mieux illustrer l’identification des éléments constitutifs de la chaîne d’approvisionnement, prenons l’exemple simple d’un marchand de crème glacée.
Le marchand achète la crème glacée, ingrédient principal de son activité. Une fois par semaine il commande celle-ci auprès d’un distributeur qui la lui livre au même moment que plusieurs autres produits essentiels nécessaires pour assurer son service, comme les emballages, les serviettes, les cuillères, etc.
Le distributeur lui, se procure la crème glacée comme produit fini directement auprès de l’usine du fabricant. Le fabricant, quant à lui transforme dans son usine de crème glacée le lait collecté dans les fermes du Québec. Le premier acteur de cette chaîne d’approvisionnement, est donc le producteur laitier avec le lait comme matière première.
Dans cet exemple, pour le marchand de crème glacée, pouvoir identifier les acteurs de sa chaîne d’approvisionnement comme nous l’avons fait, lui permet de constater sa dépendance principale à l’industrie laitière, étant sa ressource principale.
Plusieurs évènements politiques ou économiques peuvent influencer ses coûts, ses revenus et la disponibilité de ses produits, comme par exemple la réglementation des quotas de lait, une maladie affectant les bovins, une évolution de réglementation de Santé Canada, le changement des habitudes de consommation des produits laitiers (biologique, diminution, sans lactose, végétal, etc.).
Un évènement qui troublerait ou proviendrait de l’oligopole des fabricants de produits laitiers québécois, (Un oligopole est un marché dominé par un petit nombre de vendeurs) pourrait aussi impacter le prix ou mettre à risque son entreprise de crème glacée.
Le lait reste tout de même une matière première locale stable et plutôt simple. Les procédés d’extraction des matières premières peuvent être extrêmement complexes et les industries peuvent également être très politisées.
Il peut être compliqué de remonter toute la chaine en raison de la multiplicité des fournisseurs. Il est aussi parfois difficile d’accéder à certaines informations auprès des fournisseurs concernant la traçabilité parce que ceux-ci peuvent avoir avantage à garder cette information secrète, par peur de dévoiler leurs propres contacts et de se faire écarter ensuite. Il est donc important de mettre l’accent sur une démarche bénéfique pour toutes les parties impliquées permettant de renforcer les liens et de s’inscrire dans un partenariat sur la durée.
Optimiser sa chaîne d’approvisionnement comme on le fait avec sa chaîne de production
Suite à la première étape d’analyse et de recensement des différents acteurs impliqués, une fois les données en main, il devient plus facile de détecter les risques, des opportunités et de pouvoir élaborer des stratégies, des changements ou des améliorations pour optimiser.
Quelques questions permettent d’envisager les optimisations :
- À quelles étapes et avec quel acteur, partenaires ou fournisseurs actuels aurais-je avantage à plus de collaboration?
- Existe-il des fournisseurs alternatifs plus locaux qui me permettront de réduire le nombre d’acteurs, le risque lié au transport, aux douanes et de réduire mes gaz à effet de serre?
- Dans l’environnement actuel est-il viable de continuer de dépendre de cet élément, de ce fournisseur ou de cette provenance?
- Puis-je le remplacer ou trouver une alternative à long terme? Combien de temps serait-il nécessaire pour mettre au point une alternative?
- Comment une crise (climatique, politique, sanitaire) influencerait ma production? Et pourquoi l’influence-t-elle?
- Quel chemin emprunte ma matière à travers le monde?
Pour les petites comme les grandes entreprises, les réponses à ces questions leur permettent d’être plus résilientes. Être conscient de ces enjeux permet de mieux se positionner au sein de son écosystème, d’en connaître davantage sur ses fournisseurs et d’être plus agile en anticipant des crises possibles. Cela permet également à l’entreprise d’élaborer des stratégies globales à long terme basées sur les éléments cruciaux, au cœur de son activité, constitutifs de son positionnement.
Deux initiatives pour un futur transparent et collaboratif avec ses fournisseurs
Alors que les exemples suivants incitent les entreprises et les donneurs d’ordres à collaborer, les PME avec moins de fournisseurs disposent d’un avantage et de plusieurs ressources disponibles pour les aider à rechercher des approvisionnements locaux, réduire leurs GES et augmenter leurs critères environnementaux.
- Privilégier les acteurs locaux
Au Québec récemment, une obligation de privilégier des fournisseurs locaux a été donnée à un grand donneur d’ordre maritime pour favoriser l’économie québécoise, diminuer la dépendance extérieure, tout en agissant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. La ville de Montréal vient aussi de publier son plan d’approvisionnement responsable pour 2030 afin favoriser l’économie locale, circulaire et sociale.
- L’initiative Décarbone +
Dans un objectif d’accélérer «la décarbonation des organisations publiques et privées au Québec1» et pour mieux accompagner les petites et moyennes entreprises dans la décarbonation de leurs activités, cette OBNL créée par de grands donneurs d’ordre s’implique pour accompagner les PME dans l’amélioration de leurs pratiques environnementales, incluant celles de leurs parties prenantes.
Ces initiatives témoignent que la collaboration avec les fournisseurs devient pratique courante. La transparence et le travail d’équipe vont de pair pour réussir ensemble afin d’avoir une meilleure intégration et compréhension de la chaîne d’approvisionnement et d’optimiser la traçabilité entre organisations.
Le modèle YKK de la maîtrise de sa chaîne d’approvisionnement pour offrir un produit de haute qualité.
YKK est depuis 1934 un manufacturier japonais de fermeture à glissière, fermeture éclair® ou zipper, leader mondial de cet élément présent sur de nombreux vêtements. Installé à Montréal depuis 1968, avec une usine à Saint-Laurent, la marque produit les articles à glissières les plus choisis au monde comme l’indique le directeur de production de l’usine de Montréal, Monsieur Lee Dryburgh.
Pour YKK, le contrôle pointilleux de sa chaîne d’approvisionnement se traduit par le renforcement de la qualité de ses produits et rejaillit avantageusement sur son image de marque. Ce contrôle est possible grâce à la fine connaissance de chacun des produits utilisés et une meilleure maîtrise de leur conception.
Ce modèle d’affaires extrêmement intéressant illustre jusqu’où la connaissance de sa chaîne d’approvisionnement permet d’aller, et ce qu’une meilleure compréhension de sa valeur peut apporter. Cette intégration verticale permet une économie d’échelle, le contrôle assidu de la qualité et la diminution de sa dépendance à d’autres acteurs.
En visitant l’usine et en suivant les explications exhaustives du passionné Monsieur Lee Dryburgh, directeur de production, il est fascinant de constater l’intégration verticale en amont de la compagnie japonaise. L’intégration verticale en amont est l’implication ou la propriété de plusieurs éléments dans la chaîne d’approvisionnement AVANT que le produit soit considéré fini par le fabricant.
Pour faciliter et mieux illustrer le concept revenons à l’exemple du marchand de crème glacée : L’intégration verticale en amont (avant que le produit soit fini) de YKK, appliquée à ce marchand de crème glacée, serait qu’il soit propriétaire de ses propres vaches laitières, qu’il transforme lui-même le lait produit en crème glacée dans sa propre usine puis la distribue à ses magasins par ses propres camions de transport.
Une fois en magasin, il vendrait ainsi ses produits de crème glacée directement à sa clientèle en possédant l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement.
L’intégration verticale en aval (une fois le produit fini) quant à elle, se définit par le fait de « contrôler les stades ULTÉRIEURS du processus de production ou de commercialisation d’un produit ou d’un service. »2
Pour YKK cela se traduit au niveau mondial par la spécialisation de chacune de ses usines dans une gamme de produit spécifique qui dessert à la fois sa clientèle locale ainsi que les autres usine YKK.
Par exemple, l’usine du Mexique se spécialise dans la fabrication de fermeture pour Jeans, parce que l’usine d’assemblage d’un joueur important de Jeans est située au Mexique.
Au Canada, l’usine se spécialise dans la fabrication de fermeture à glissière très résistante pour desservir ses clients fabricants canadiens de manteaux d’hiver de grande qualité, durable, imperméable ou résistant au froid à destination de passionnés d’activités extérieures.
Aligné avec cette nouvelle spécialité, ils conçoivent également des produits « résistants au feu et à la chaleur ». Ils combinent ces deux expertises et fournissent ce produit spécialisé fini aux autres YKK. « Grâce aux réseaux d’approvisionnement du groupe YKK, nos clients peuvent facilement obtenir n’importe quel produit dans le monde entier.»4
La connaissance des écosystèmes mondiaux dans lesquels ils œuvrent et la maîtrise de leur propre chaîne d’approvisionnement leur permettent d’user de la bonne stratégie pour se positionner physiquement au bon endroit pour les bons produits.
Cette stratégie leur permet un grand contrôle sur leurs produits, des économies d’échelle, une diminution du risque, mais également d’être ouvert aux opportunités. Ainsi il est plus facile de collaborer et de développer de nouveaux produits et spécialisations avec les clients.
Pour aller plus loin, l’entreprise utilise des machines construites à l’interne, par YKK Japon qui détient ainsi un contrôle accru et exclusif de la qualité de leur produit jusque dans les détails d’exécution.
Ce modèle illustre bien comment la visibilité, la connaissance ou l’analyse de la chaîne d’approvisionnement peut amener les entreprises à en maîtriser les moindres détails et à pouvoir affiner ses positionnements stratégiques.
Soyez acteur de votre changement en bénéficiant d’une aide précieuse
L’écosystème actuel se transforme et il devient essentiel de bien se positionner pour se donner un avantage concurrentiel et pour mieux anticiper les risques à venir. Être un joueur agile, collaboratif et innovant permet aux entreprises qui ont pris de l’avance de se distinguer comme partenaire clé. Il vaut mieux prendre de l’avance et initier dès maintenant des stratégies d’optimisations possibles, plutôt que de subir ces changements.
Se rapprocher des partenaires d’affaires, créer des opportunités pour l’innovation, mesurer les dépendances et mitiger les risques sont des moyens qui assurent la pérennité des entreprises.
Afin de vous supporter dans l’analyse des risques de votre chaîne d’approvisionnement, contactez notre Commissaire à la chaîne d’approvisionnement qui se fera un plaisir de discuter de votre situation avec vous.
