Transformer les toitures industrielles en parc solaire urbain
Article paru le 2 novembre 2023 dans lapresse.ca
Par André Dubuc, journaliste à La Presse
L’arrondissement de Saint-Laurent à Montréal souhaite voir bâtir le plus grand parc solaire urbain du Québec sur les toits des nombreux bâtiments industriels se trouvant sur son territoire.
Son maire Alan DeSousa en a fait officiellement l’annonce dans un discours à la Chambre de commerce et d’industrie de Saint-Laurent–Mont-Royal jeudi midi.
Sur la base d’une étude de la firme de génie WSP, le maire DeSousa estime à 457 MW la puissance de son parc solaire urbain, baptisé Solaris. C’est l’équivalent de la puissance installée à la centrale hydroélectrique Eastmain-1 à la Baie-James.
Toujours selon cette étude, le potentiel global des toits industriels de Saint-Laurent équivaut à une production d’énergie de 521 gigawattheures, soit suffisamment pour alimenter annuellement 24 000 foyers.
L’arrondissement de Saint-Laurent est le principal pôle d’emploi montréalais après le centre-ville. On y dénombre plus de 4000 entreprises, dont 630 manufacturières, donnant du travail à 105 000 personnes.
Toutes ces usines et tous ces entrepôts sont autant de toits plats susceptibles de recevoir des panneaux solaires. WSP a calculé que ces toits représentaient une superficie nette disponible de 4,6 millions de mètres carrés ou 850 terrains de football.
« L’idée est de faire du judo. Notre zone industrielle constitue le plus important îlot de chaleur à Montréal. L’idée est d’utiliser cette fournaise à ciel ouvert pour fabriquer de l’énergie. »
Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent
Selon le maire, le contexte de rareté d’énergie crée une occasion. « Construire des barrages va prendre du temps, élever des éoliennes sur des terres agricoles soulève des enjeux d’acceptabilité sociale. Le parc solaire urbain a l’avantage de pouvoir se réaliser rapidement », avance-t-il.
L’élu est pressé. Il veut voir les premières installations solaires fonctionner dès l’an prochain et achever le parc d’ici 2028.
Projet collectif
M. DeSousa prêche par l’exemple. Il a fait installer des panneaux photovoltaïques sur le toit de sa mairie d’arrondissement. Des entreprises de Saint-Laurent comme Bombardier, Haléon, Air Transat, L’Oréal, IKEA et Moneris ont emboîté le pas en installant des panneaux photovoltaïques ou des murs thermiques.
La maîtrise d’œuvre du parc sera confiée à Excellence industrielle Saint-Laurent, le service de développement économique de l’arrondissement. La gouvernance exacte du projet sera déterminée dans les prochains mois. Ça pourrait prendre la forme d’une coopérative ou encore d’un partenariat public-privé, donne le maire en exemple.
« Pour moi, l’important, c’est que le projet se réalise et qu’il soit collectif », a-t-il déclaré dans son allocution.
Pour que son projet voie le jour, le maire devra convaincre des partenaires comme Hydro-Québec, le gouvernement du Québec et du Canada et les entreprises locales à collaborer. Il soutient que les premiers échanges sont positifs.
Hydro-Québec ouvre la porte au solaire
Comme un hasard ne vient jamais seul, le jour où M. DeSousa lance publiquement l’idée de Solaris, le patron d’Hydro-Québec, Michael Sabia, dévoile la mise à jour du plan stratégique d’Hydro-Québec dans lequel le raccordement de petits parcs solaires au réseau de distribution.
« L’énergie solaire et le stockage par batterie auront une contribution importante au bilan énergétique québécois, en complément de l’éolien et à l’hydroélectricité. », lit-on dans le document d’Hydro-Québec.
« De plus, nous faciliterons l’installation de panneaux solaires chez plus de 125 000 clients, est-il aussi écrit. L’autoproduction solaire pourrait satisfaire jusqu’à 45 % des besoins en électricité de ces ménages. »
+25 % Heures d’ensoleillement de plus à Montréal (2051 heures par an) qu’à Paris (1662 heures)
Source : Arrondissement de Saint-Laurent
Note : Cet article est paru dans La Presse le 2 novembre 2023.