Préparer la transition des compétences vers des métiers plus verts en entreprise
15 mai 2024
Face aux événements climatiques qui se font de plus en plus fréquents, nous sommes tous amenés collectivement à nous adapter. Ces changements impactent la société, les entreprises, les décideurs et travailleurs, et nous devons tous modifier certains de nos processus pour préparer l’avenir et garantir la pérennité des activités. Les métiers et compétences sont aussi amenés à évoluer, pour répondre aux nouveaux besoins de modèles économiques encore émergents.
L’emprise des emplois liés aux énergies fossiles va progressivement rétrécir dans l’économie et d’autres métiers liés à l’environnement et aux énergies renouvelables vont se multiplier. Certains restent même encore à inventer. Le Plan pour une Économie Verte 2030 (PEV) du gouvernement du Québec prépare la transition, vise une économie plus verte et mise notamment sur l’électrification des transports. Il prévoit la création de 8600 emplois verts au Québec, rien que pour le secteur des transports d’ici 2030.
Quelles sont les tendances à anticiper pour nos métiers?
Voici quelques tendances intéressantes à prendre en compte et qui permettent aux employeurs et futurs employés de mieux préparer la transition et l’évolution nécessaire des métiers :
- Création d’emplois dans l’économie verte estimée à 24 millions d’emplois selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), entre 2018 et 2030.
- Une transition vers les emplois verts est en cours, les données sur les emplois de LinkedIn montrent que le rapport entre les emplois pétroliers/gaziers américains et les emplois dans les énergies renouvelables/environnement était de 5 pour 1 en 2015, alors qu’en 2020, ce rapport était déjà passé à 2 pour 1.
- Disparition de certains métiers et création de nouveaux métiers de l’économie verte.
Ainsi, selon l’Étude prospective de la main d’œuvre et des emplois liés à la transition verte et aux changements climatiques1, on s’attend à une diminution des emplois dans les domaines de la pétrochimie, des stations-services, de la vente de certaines pièces automobiles et une création d’emplois dans les métiers d’électriciens, d’installation, d’entretien et de réparation d’équipements, les sciences de la vie, sciences physiques, génie civil, mécanique, électrique et chimique, informatique.
La tendance de l’automatisation et de la numérisation des professions engendre une crainte de perte d’emploi avec la robotisation qui remplace certaines tâches ou travaux manuels répétitifs. Toutefois, si la robotisation entraîne bien la disparition de certains postes, elle est aussi créatrice d’emplois à plus forte valeur ajoutée. On parle alors de révolution 5.0, qui place l’humain au centre de la transformation résiliente et durable.
Des changements et une adaptation nécessaire pour accompagner cette transition
L’entreprise devient résiliente, et l’humain ne travaille plus au service de l’entreprise mais l’entreprise devient au service des employés. Il s’agit d’accorder davantage d’importance au développement des compétences, à la promotion et la mise en valeur des talents, au développement du bien-être au travail, et à l’intégration de meilleures pratiques en matière d’équité, de diversité et d’inclusion.
L’efficacité et la rentabilité ne constituent plus l’essence même de l’entreprise, qui doit adopter une approche plus résiliente pour faire face aux crises. L’adoption de pratiques d’innovation durable devient essentielle, à tous les niveaux de l’organisation, et les modèles d’affaires sont repensés pour intégrer des pratiques durables dans l’ensemble de la chaîne de valeur.
L’évolution des métiers classiques vers des métiers plus verts nécessite donc de nouvelles compétences et formations. Le secteur de la construction doit intégrer de nouvelles exigences règlementaires en matière d’efficacité énergétique des bâtiments, incluant de nouvelles obligations sur l’isolation et la ventilation notamment. La réduction à la source et la gestion optimale des résidus de construction doivent également être privilégiées et les matériaux devront intégrer davantage de matières recyclées et biosourcées. La tendance n’est plus à la démolition mais à la déconstruction, pour favoriser l’économie circulaire, ce qui oblige à modifier les habitudes dès la conception du bâtiment.
Les industries sont appelées à changer leurs modèles de production pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et intégrer dès la phase de conception des critères environnementaux afin de réduire les impacts environnementaux d’un produit ou d’un procédé. La mobilité et le transport se transforment au profit de modes de transport n’utilisant pas d’énergies fossiles : électrification des transports, réduction de l’auto-solo au profit du covoiturage, développement des transports en commun, développement de services de covoiturage et d’autopartage, écoconduite, aménagement de pistes cyclables sécurisées dans les villes pour favoriser l’utilisation du vélo, etc.
Les commerces sont également impactés par la demande croissante des consommateurs pour davantage de produits locaux, de saisons et à faible impact environnemental.
Besoins d’adapter la formation des entreprises pour ajuster les compétences des employés
Les emplois verts couvrent l’ensemble des industries, allant du secteur énergétique, à la finance, en passant par les commerces ou les transports. Une réallocation de la main d’œuvre sera nécessaire. Des formations devront être offertes aux employés afin de les accompagner dans l’acquisition de nouvelles compétences pour mieux soutenir la transformation ou l’évolution de certains métiers. Une réorganisation du travail devra être établie, pour permettre la mobilité de la main d’œuvre. Pour les métiers à risque, c’est-à-dire susceptibles de disparaître dans les prochaines années en raison d’une automatisation et à faible mobilité, une formation d’un an suffit pour leur permettre d’acquérir les compétences nécessaires pour obtenir un emploi vert.2
Les compétences nécessaires pour une économie plus verte sont : l’utilisation et la compréhension du numérique, la collaboration et la communication, l’adaptabilité, la gestion de l’information et la capacité à émettre un jugement critique, la capacité d’analyse et de réponse à un problème de façon créative, l’autonomie, l’inclusion et le respect de la diversité, l’adoption d’une posture de développement professionnel continu, le respect et l’action pour l’environnement, l’éthique. 3 4
66 % des travailleurs estiment qu’ils doivent acquérir de nouvelles compétences pour rester employables dans les années à venir, et seulement 37 % des non-cadres estiment que leur entreprise investit assez dans leurs compétences et leur développement de carrière. 5
Sans développement des compétences, on estime que l’économie mondiale pourrait supprimer jusqu’à 71 millions d’emplois lors de sa transition verte. 6
D’autre part, on assiste à une volonté croissante des employés, et notamment ceux des nouvelles générations, de travailler dans une entreprise engagée et responsable, et cela devient un réel critère concurrentiel lors de l’embauche de nouvelles recrues. Les besoins des clients évoluent également, toujours plus soucieux de l’impact environnemental des produits et des services qu’ils achètent.
Quelles pratiques adopter pour accompagner la transition des métiers actuels vers des métiers d’avenir plus durables?
Il est tout d’abord important de se questionner et de pouvoir ensuite, en fonction de la situation propre à l’entreprise, initier un virage et développer des initiatives pour amorcer votre transformation.
- La stratégie d’entreprise doit intégrer le développement durable à court et long terme. Un budget doit être défini. Les modèles d’affaires doivent être repensés et les risques évalués. La transformation numérique, comme outil de transition verte, doit également être considérée dans la stratégie d’entreprise. La vision et les valeurs d’entreprise doivent être questionnées, afin de répondre à un besoin évolutif des parties prenantes.
- Une bonne connaissance ou une analyse des attentes de ses parties prenantes est fondamentale afin d’anticiper les exigences à venir et les évolutions possibles de la demande.
- La réflexion doit être menée de façon globale et intégrer l’ensemble des employés. La mise en place d’un comité de développement durable contribue à la sensibilisation des employés et au développement de leurs compétences.
- Une veille règlementaire et technologique doit être effectuée afin d’identifier et d’analyser les tendances vers lesquelles la société, les concurrents et les clients se dirigent.
- Une analyse des risques liée à l’évolution des métiers et des perspectives couplées aux souhaits d’évolution de carrière doit être effectuée. Un plan de formation doit être établi afin d’accompagner les employés dans la transition de leur métier et leur permettre d’acquérir de nouvelles compétences.
- Le personnel des ressources humaines devra également être accompagné et formé pour contribuer à la réflexion sur les meilleures pratiques à mettre en place pour attirer de nouveaux talents, et favoriser la rétention des salariés.
Pour les besoins concernant les ressources humaines ou les plans de formation, consultez nos services d’innovation en ressources humaines.
Pour vous épauler, vous pouvez contacter le service de développement durable concernant toute stratégie d’entreprise,
1 Source : Enviro Compétences, janvier 2023
2 Source : Cheminements professionnels verts – Conference Board du Canada https://fsc-ccf.ca/wp-content/uploads/2022/02/CCF_cheminements-professionnels-verts.pdf
3 Source : https://www.envirocompetences.org/media/publications/RapportExploratoire_MO-TransitionVerte_SB.pdf
4 Source : https://www.cpmt.gouv.qc.ca/fileadmin/fichiers_cpmt/Publications/RA_referentiel_CPMT.pdf
5 Source : https://www.adeccogroup.com/future-of-work/latest-research/resetting-normal-2021
6 Source : https://www.adeccogroup.com/future-of-work/latest-insights/skills-for-the-green-economy