Des indicateurs de performance pour réussir la valorisation des résidus industriels

Dossier spécial – Fabrication circulaire et approvisionnements

Michel Rioux, conseiller spécial à l'innovation, équipe CEI

Par Michel Rioux, professeur au Département de Génie des systèmes, École de technologie supérieure (ÉTS) et Conseiller spécial, Centre d’expertise industrielle de Montréal (CEI- MTL)

Les possibilités d’augmenter la productivité des ressources sont nombreuses dans une usine. Après la priorisation permise par une analyse de cycle de vie, la reconnaissance des indicateurs de performance clés est une étape déterminante pour orienter et optimiser les efforts de réduction à la source, de recyclage et de valorisation.

Les indicateurs permettent de suivre les progrès, quantifier les avantages économiques et environnementaux et inspirer de nouvelles innovations. Les entreprises qui ont réussi une implantation durable d’initiatives en économie circulaire se sont appliquées à compiler les données qui soutiennent également ces trois autres facteurs de succès :

  1. L’attention de la direction, la mobilisation des équipes et l’implication des divers départements pour que, sur le plancher, la circularisation s’installe sans conflits avec les procédés et avec les préoccupations de gestion de l’entreprise. Un « buy-in » de la direction et la mise en place d’un comité dédié sont essentiels
  2. La transparence avec toutes les parties prenantes, grâce à des indicateurs les plus précis possible. Si les données peuvent être parcimonieuses aux étapes initiales du projet, la qualité des indicateurs s’améliore au fil de son déploiement. Cette transparence facilite l’échange de meilleures pratiques et encourage la multiplication des initiatives nécessaires à la circularisation progressive de l’ensemble du système de production.
  3. La préférence pour commencer avec de petits projets abordables sur les plans opérationnel et financier, afin que les possibles échecs soient davantage vus comme des opportunités d’améliorer le projet.

Selon l’industrie et la nature des intrants, la maturité des programmes de valorisation est variable. Certaines filières sont plus avancées dans leurs réseaux de recyclage et de gisements de matières secondaires.

Industriel sur une pile de déchets industriels
Pour plusieurs industries, certaines matières industrielles peuvent représenter des gisements de matières secondaires et des occasions commerciales durables.

C’est notamment le cas dans le secteur du métal. Au contraire, dans le plastique par exemple, la diversité des types de matière ou la complexité des méthodes de recyclage laissent encore d’importants volumes sans option de réintroduction dans le circuit.

Cependant, et grâce à la connaissance fine de leurs produits et de leurs composants, les entreprises sont chaque jour plus nombreuses à tenter des projets de récupération, à progresser vers le zéro-déchet ou à investir dans la valorisation énergétique. Alors que leur projet est souvent unique, ces entreprises peuvent faire face à certains obstacles, mais avec une approche progressive, structurée et mesurée, elles font du défi du gaspillage des occasions commerciales durables.

Indicateurs clés de performance, non exhaustifs et à titre indicatif

Recyclage et valorisation des matières industrielles

  • Taux de recyclage Ratio quantité de matières recyclées / quantité totale de matières utilisées – Augmentation du ratio quantités recyclées / quantités rejetées – Qualité du tri
  • Volume des déchets Évaluation des pertes de matières dans les processus de production – Maintien du zéro-déchet sur une série d’intrants
  • Revalorisation énergétique Réduction de l’intensité d’énergique (transport circulaire, efficacité énergétique, etc.)
  • Quantité d’eau consommée Réduction de la consommation d’eau
  • Réutilisation des composants des produits en fin de vie Hausse du taux de revalorisation et de réutilisation
  • Engagement des parties prenantes Nombre d’employés, de fournisseurs, de transporteurs engagés dans le projet de l’entreprise – Nombre de clients satisfaits -Soutien des partenaires financiers et des autorités locales

Rentabilité et compétitivité

  • Économie des coûts Économies de matières achetées – Baisse des coûts énergétiques – Baisse du kilométrage et des coûts de transport
  • Qualité des produits finis Augmentation de la durée de vie, robustesse du produit
  • Indicateurs de marketing Croissance des ventes associées aux initiatives de circularisation

Empreinte carbone globale

  • Émissions de GES Réduction des émissions des gaz à effet de serre selon les zones d’émission 1, 2 et 3

Panel approvisionnement et conjoncture mondiale du Forum Excellence industrielle 2022

Visionnez la discussion Innovation et recyclage des matières industrielles, animée par Michel Rioux, professeur, Département de Génie des systèmes de l’ÉTS et Conseiller spécial aux CEI-MTL avec :
• Frédéric d’Aragon, Directeur Maintenance de l’immeuble, Coordonnateur SST & S.G.E, YKK Canada
• Eric Reynot, Contrôleur corporatif, Lovepac
• France Veillette, Chef, Environnement, Bridgestone

Note : Cet article est issu du rapport de la 2e édition du Forum excellence industrielle, qui s’est tenu le 27 octobre 2022, à l’usine Bombardier dans l’arrondissement de Saint-Laurent.