Et si l’efficacité énergétique devenait un levier stratégique pour votre organisation ?
2 décembre 2025
Commissaire à l’innovation
CEI MTL – Innovation
Au Québec, l’énergie reste relativement abordable, mais la situation évolue rapidement. En 2025, les entreprises industrielles et manufacturières sont confrontées à une réalité nouvelle :
Trois enjeux énergétiques majeurs
1. Disponibilité restreinte
La demande croît plus vite que la capacité. Hydro-Québec doit désormais poser des limites, et certains projets d’expansion sont refusés. L’énergie devient un enjeu stratégique, désormais géré au plus haut niveau de l’État.
2. Coûts liés aux pointes de consommation
Même avec des tarifs bas, les périodes de pointe — notamment en hiver — peuvent engendrer des coûts significatifs, voire des limitations temporaires imposées par le réseau.
3. Pression réglementaire accrue
Les exigences en matière de réduction des GES, de performance énergétique et de conformité aux critères ESG s’intensifient à tous les niveaux.
Jusqu’à 30 % de l’énergie consommée est perdue
Ces pertes ne sont pas toujours visibles, mais elles sont bien réelles : fuites d’air comprimé, chaleur non récupérée, équipements énergivores ou mal entretenus. Additionnées, elles peuvent représenter jusqu’à 30 % d’énergie gaspillée — et autant d’argent perdu.
La bonne nouvelle, c’est qu’il est désormais possible de les détecter, les mesurer et les réduire. Non pas à l’issue d’audits lourds, mais en continu, grâce à l’intégration de technologies numériques.
Comprendre les leviers technologiques : IoT, Big Data et IA
Le virage numérique offre des outils concrets et puissants pour faire de l’énergie un actif mesurable et optimisable.
Internet des objets (IoT)
L’IoT repose sur l’installation de capteurs intelligents sur les équipements industriels. Ces capteurs collectent des données en temps réel : température, consommation, pression, cycles d’usage, etc.
- Aujourd’hui, ces capteurs sont petits, autonomes, précis et ne nécessitent plus de câblage lourd.
- Grâce à des réseaux modernes (5G industrielle, LoRa, etc.), les données sont transmises immédiatement et sans infrastructure complexe.
Ce maillage permet une vision granulaire et continue de la consommation d’énergie, sur l’ensemble du site.
Big Data
Le Big Data structure les données issues de l’IoT. Il ne s’agit plus de simples relevés, mais d’un ensemble cohérent qui peut être croisé avec d’autres variables :
- données de production,
- conditions météorologiques,
- prix du marché de l’énergie.
Cela permet d’identifier les sources de gaspillage, de comprendre les corrélations, et de cibler les bons leviers d’action. C’est le socle d’une gestion énergétique intelligente.
Intelligence artificielle (IA)
L’IA franchit une étape supplémentaire. Elle ne se limite pas à analyser ; elle anticipe et agit :
- détection d’anomalies invisibles aux audits classiques,
- prédiction des besoins futurs en énergie,
- recommandations (ou exécutions) automatiques d’actions d’optimisation.
Cette couche permet de passer d’une gestion réactive à un pilotage proactif, intégré aux opérations quotidiennes.
Une nouvelle manière de penser l’énergie
L’énergie ne doit plus être perçue comme une dépense passive, mais comme un levier de performance.
Grâce aux outils numériques, il est possible de :
- Mesurer l’énergie en continu, pour capturer l’invisible,
- Agir en temps réel, avant que les dérives ne s’installent,
- Transformer les économies d’énergie en gains opérationnels et en avantage concurrentiel.
Ce changement de posture est essentiel. Il permet de réduire les coûts sans compromettre la productivité, tout en répondant aux attentes sociétales et réglementaires.
En conclusion
Ce qui semblait impossible hier — surveiller chaque machine, anticiper les dérives, automatiser l’optimisation — est aujourd’hui à portée de main.
Les technologies sont prêtes. À nous de les intégrer, de les adapter à nos contextes, et d’en faire des vecteurs de transformation et de résilience.