Exporter hors Québec : les exigences environnementales à anticiper dès maintenant 

08 octobre 2025

Frédérique Mouly, commissaire au développement durable

Frédérique Mouly

Commissaire au développement durable

Pour une entreprise québécoise, l’exportation ouvre des marchés, mais entraîne aussi des obligations accrues. Dans plusieurs juridictions (Europe, États-Unis, Asie), les normes environnementales deviennent des conditions d’accès incontournables.  

De l’empreinte carbone aux chaînes d’approvisionnement sans déforestation, les entreprises doivent prouver leur conformité. Et pas seulement sur le papier : les acheteurs, investisseurs et consommateurs exigent des preuves tangibles. 

Attendre, c’est risquer de perdre des parts de marché ou de subir des coûts correctifs plus élevés.  

Agir maintenant en développement durable, c’est transformer une obligation en avantage compétitif. 

L’Union européenne en première ligne 

L’Europe a pris une avance réglementaire claire. 

  • Directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) : elle oblige les grandes entreprises européennes à publier des données détaillées sur leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance. En pratique, ça veut dire que si vous êtes fournisseur d’une entreprise européenne, elle risque d’exiger ces informations. 
  • Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) : depuis 2023, les importateurs d’acier, d’aluminium, de ciment, d’engrais, d’électricité et d’hydrogène doivent déclarer les émissions intégrées. À partir de 2026, une taxe carbone s’appliquera. 
  • Règlement sur la déforestation importée (EUDR) : les exportateurs de bois, café, cacao, soja, caoutchouc, huile de palme ou bœuf devront très bientôt prouver que leurs produits ne contribuent pas à la déforestation, grâce à des systèmes de traçabilité géolocalisée. 
  • Taxonomie européenne : la taxonomie européenne introduit une classification stricte des activités durables. 

États-Unis et Asie : la pression monte aussi 

  • États-Unis : même si la réglementation fédérale sur la divulgation des risques climatiques est contestée, de grandes entreprises comme Walmart, Apple ou Ford exigent déjà de leurs fournisseurs des bilans carbone et des plans de réduction. 
  • Asie : le Japon et la Corée du Sud introduisent progressivement des obligations de divulgation climatique pour les grandes entreprises, ce qui rejaillira sur leurs chaînes d’approvisionnement internationales. 

L’ensemble des pays prennent la même direction et le message est clair : si vous voulez vendre à l’international, il ne suffit plus d’avoir un bon produit ; il faut prouver qu’il est durable. 

Anticiper plutôt que subir 

Intégrer la durabilité à la dernière minute coûte plus cher que de la planifier dès maintenant. Par exemple, mettre en place un système de traçabilité des matières premières prend du temps. Attendre qu’un client européen l’exige peut entraîner des délais et des pénalités. 

Répondre aux attentes des clients 

Le programme CDP Supply Chain compte plus de 270 entreprises acheteuses membres et, en 2025, quelque 45 000 fournisseurs ont été sollicités pour divulguer des données environnementales via ce programme. Ne pas répondre, c’est prendre le risque d’être écarté d’un appel d’offres

Minimiser les risques 

Un produit qui ne respecte pas les nouvelles normes peut être bloqué aux frontières, retiré des rayons ou encore générer une crise de réputation. 

Créer de la valeur 

Réduire la consommation d’énergie, optimiser la logistique ou adopter l’économie circulaire, ce n’est pas seulement vertueux : c’est aussi une source d’économies.  

En effet, améliorer ses pratiques c’est d’une part réduire sa consommation, mais d’autre part aussi, améliorer l’entretien des équipements et donc réduire le risque de bris/panne d’équipement, suivre les performances de ses équipements, consommer au bon moment, réduire sa consommation de matières premières et donc ses achats, optimiser l’utilisation de ses ressources mais aussi développer les compétences de ses employés et améliorer le taux de rétention grâce à une plus grande motivation.  

Élaborer sa politique de développement durable 

La politique de développement durable permet de formaliser l’engagement de la direction et d’établir les objectifs à atteindre en matière de développement durable. Elle est indispensable pour établir une vision, qui sera ensuite déclinée en actions dans un plan d’action. Il est recommandé de la mettre à jour tous les 3 ans. 

Établir un plan d’action 

Lorsqu’on veut améliorer ses pratiques en développement durable, la 1ère étape consiste à dresser un état des lieux pour identifier d’où on part et évaluer les pistes d’amélioration et les prioriser, ce que l’on appelle le diagnostic. Consulter ses parties prenantes est une étape importante à ne pas négliger pour être sûr d’être aligné avec leurs attentes. 

Puis, une analyse de risques permet d’identifier et de prioriser les risques afin de mettre en place des mesures de prévention. C’est une étape essentielle pour établir un plan d’action adapté. Ce dernier devra comporter des actions à court terme, à moyen terme et à long terme, des actions qui permettront de réaliser des gains rapides et des actions avec un retour sur investissement plus long. En effet, ce sont ces dernières qui permettront souvent de générer le plus d’économies et de se conformer aux réglementations futures. 

Mesurer et réduire son empreinte environnementale 

La mesure est une étape essentielle si on veut pouvoir suivre ses progrès et s’assurer que les actions mises en place permettent d’atteindre les objectifs qu’on s’est fixé. Il convient donc de définir des indicateurs de performance (KPI) qu’on s’efforcera de suivre régulièrement afin d’identifier d’éventuelles dérives et de mettre en place des actions correctives le cas échéant. La mesure de ces indicateurs permet également de communiquer les résultats à l’interne ou à l’externe, grâce à des données chiffrées tangibles, qui s’appuient sur des méthodes de calculs fiables.  

Idéalement, et parce que de plus en plus de pays l’exigent, l’entreprise fera un bilan GES (gaz à effet de serre), qui peut couvrir : 

  • Portée 1 : émissions directes (usines, véhicules). 
  • Portée 2 : émissions liées à l’électricité et à la chaleur achetées. 
  • Portée 3 : émissions de la chaîne d’approvisionnement (matières premières, transport, utilisation et fin de vie des produits). 

Les émissions de Portée 3 représentent en moyenne 80 à 90 % de l’empreinte totale d’une entreprise, parfois jusqu’à 25 fois plus que ses émissions directes. 

c) Assurer la transparence et la traçabilité 

Les clients veulent savoir d’où viennent les produits, comment ils ont été fabriqués et avec quel impact. Mettre en place une chaîne d’approvisionnement transparente, avec des certifications et des audits, devient une preuve de sérieux et une exigence contractuelle. 

  • Accès facilité aux marchés internationaux : conformité = passeport commercial. 
  • Réduction des coûts : efficacité énergétique, réduction des déchets, optimisation logistique. 
  • Attractivité : les talents, surtout les jeunes, choisissent des employeurs alignés avec leurs valeurs. 
  • Financement : de plus en plus de banques et d’investisseurs intègrent des critères ESG. La mise en place de pratiques en développement durable vous permettra d’obtenir des prêts à un meilleur taux et des subventions autrement inaccessibles. 
  • Avantage concurrentiel : être prêt avant les autres, c’est répondre rapidement et mieux aux appels d’offres. 

Chez Excellence industrielle Saint-Laurent, notre équipe de développement durable vous accompagne dans vos démarches. Nous offrons : 

  • Des diagnostics de développement durable pour identifier les priorités, à la fois sur les aspects environnementaux, sociaux, économiques et de gouvernance. 
  • Des activités de sensibilisation/teambuilding pour sensibiliser et mobiliser vos employés, dans la bonne humeur et en équipe 
  • Du coaching pour vous aider à établir un plan d’action en développement durable, intégrer des pratiques en économie circulaire ou encore pour monter et animer un comité de développement durable 
  • Un accompagnement personnalisé pour vous aider à mettre en œuvre votre plan d’action en développement durable, améliorer vos pratiques de gestion des matières résiduelles ou votre efficacité énergétique 
  • Des formations en énergie pour vous aider à mieux comprendre vos factures énergétiques et les solutions d’optimisation de l’efficacité énergétique de votre usine 
  • Des ateliers de maillage/partage de bonnes pratiques entre entreprises de Saint-Laurent, grâce à notre initiative Eco-Maillage 
  • Des conférences sur des thématiques en lien avec le développement durable, avec des experts reconnus (nos Tables de développement durable) 

Notre approche est simple : vous faciliter le passage à l’action pour une transition durable. Nous nous adaptons pour répondre au mieux à vos besoins, en tenant compte de votre réalité et de vos contraintes. 

Les exigences environnementales ne sont plus un choix. Elles façonnent les règles du commerce international. Mais en agissant dès maintenant, une entreprise québécoise peut transformer ces contraintes en levier de croissance. 

Le développement durable n’est pas seulement une exigence de conformité : c’est un investissement stratégique. Il donne accès à de nouveaux marchés, réduit les coûts, attire les talents et renforce la réputation et l’image de marque. 

En somme, préparer son entreprise à l’export, c’est aussi préparer son entreprise au futur.