L’Afrique: une nouvelle priorité dans la stratégie économique du Canada

5 octobre 2025

Anrafath Gangbo, chargé de projets exportation

Anrafath Gangbo

Commissaire à l’exportation

Dans un monde marqué par l’instabilité géopolitique, l’Afrique s’impose comme l’un des pôles de croissance les plus stratégiques du XXIe siècle. L’ampleur de son potentiel démographique, naturel et économique attire désormais une multitude d’acteurs internationaux, allant des puissances traditionnelles comme les États-Unis, la France ou le Royaume-Uni, à des nations émergentes comme la Chine, la Russie ou le Brésil.

C’est dans ce contexte de compétition accrue que le Canada a dévoilé en mars dernier, sa politique étrangère en Afrique intitulé « Stratégie du Canada pour l’Afrique : Un partenariat pour une prospérité et une sécurité partagées ». Une stratégie ambitieuse, qui vise à repositionner le Canada comme un acteur crédible, engagé et durable sur le continent africain. Cette nouvelle stratégie qui est le fruit de nombreuses consultations avec des partenaires africains et internationaux, se décline sur cinq domaines stratégiques dont la diplomatie, la coopération économique, ou encore la paix et la sécurité mondiale.

Une diplomatie renforcée au service des intérêts communs

Le Canada entend renforcer sa présence diplomatique et institutionnelle en Afrique. Sa stratégie prévoit l’ouverture de nouvelles ambassades, l’envoi accru de diplomates, et une intensification du dialogue bilatéral et multilatéral, notamment avec l’Union africaine. Cette présence diplomatique accrue permettra une meilleure coordination des actions canadiennes, mais surtout une plus grande proximité avec les réalités politiques, économiques et sociales africaines. Elle favorisera également un dialogue renforcé sur des enjeux globaux comme la paix, la gouvernance, les droits humains et le climat.

Exportation - Afrique - économie

Figure 1: Carte de la présence diplomatique du Canada en Afrique
Source: Gouvernement du Canada

Stimuler le commerce bilatéral et les investissements durables

Toutefois, cette diplomatie renouvelée ne se limite pas aux enjeux politiques. Elle constitue également le socle d’un nouveau partenariat économique, fondé sur la croissance économique inclusive et le renforcement des liens commerciaux. En effet, les ambassades et missions canadiennes serviront de relais pour nos entreprises, en facilitant la signature d’accords-cadres sur l’investissement, la protection des capitaux et la coopération fiscale, ainsi qu’en appuyant la mise en œuvre de projets structurants. Le Canada s’engage donc à travers cette politique à appuyer les réformes locales pour faciliter les affaires et améliorer l’environnement des investissements.

Le continent africain, avec sa classe moyenne en expansion et sa demande croissante en biens et services, représente un marché immense pour les entreprises canadiennes. D’ailleurs, plusieurs d’entre elles, notamment dans les secteurs de l’agriculture, des technologies propres, des infrastructures ou encore de l’éducation, y ont trouvé un terreau fertile pour croître. À ce propos, il convient de préciser qu’en 2024, la valeur des échanges de marchandises entre le Canada et les pays africains s’élevait à 15,1 milliards de dollars, soit une hausse de près de 30 % sur 5 ans.

À travers sa stratégie, le gouvernement canadien souhaite :

  • Soutenir les entreprises canadiennes qui se tournent vers l’Afrique;
  • Stimuler davantage les exportations canadiennes vers les pays africains;
  • Favoriser le développement de PME africaines locales;
  • Promouvoir les chaînes de valeur durables afro-canadiennes.

Enfin, le Canada appuie la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), étape cruciale vers l’unification d’un marché de 1,4 milliard de consommateurs. En rapprochant diplomatie et économie, le Canada veut offrir aux investisseurs et entrepreneurs canadiens un environnement plus prévisible et sécuritaire pour développer leurs activités en Afrique.

Délégation canadienne à la foire commerciale intra-africaine (IATF 2025)

Figure 2: Délégation canadienne à la foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), conduite par S.E. Ben Marc Diendéré, envoyé spécial du Canada en Afrique, et S.E. Robin Wettlaufer, ambassadrice du Canada en Algérie, accompagnée de 11 entreprises canadiennes participantes.
Source : Ambassade du Canada en Algérie

Une stratégie qui s’inscrit dans une vision féministe et inclusive

Fidèle à sa politique d’aide internationale féministe, le Canada fait de l’égalité des genres un axe transversal de sa stratégie. L’objectif est d’encourager la participation pleine et entière des femmes dans la vie économique et politique des pays africains, notamment par le biais de financements, de formations et de partenariats ciblés.

Cette approche inclusive s’étend également aux jeunes, aux communautés marginalisées et aux peuples autochtones, avec l’objectif de bâtir un partenariat équitable, respectueux et mutuellement bénéfique.

Des retombées concrètes pour les entreprises canadiennes

Cette stratégie ne se limite pas à des collaborations institutionnelles : elle ouvre des portes concrètes pour les entreprises canadiennes souhaitant s’implanter en Afrique ou y étendre leurs activités. Elle facilite l’accès à l’information stratégique, à des mécanismes de financement adaptés et à des réseaux de contacts à travers les missions canadiennes et les chambres de commerce bilatérales.

Les secteurs prioritaires visés tels que l’agriculture, les mines responsables, l’énergie renouvelable, la santé, les technologies de l’information ou les infrastructures, correspondent directement aux savoir-faire canadiens. Le soutien aux chaînes de valeur africaines permettra également d’intégrer davantage les entreprises canadiennes dans des partenariats gagnant-gagnant.

Quelle place pour le Québec ?

Le Québec, avec sa forte expertise dans des domaines comme les technologies vertes, l’agroalimentaire, l’ingénierie ou encore la francophonie économique, a tout à gagner à s’inscrire pleinement dans cette dynamique. L’Afrique francophone représente un levier de croissance évident pour les PME québécoises qui souhaitent se diversifier à l’international, en misant sur des marchés émergents, mais prometteurs.

Site dinstallation de la societe quebecoise NuRAN Wireless

Figure 3: Site d’installation de la société québécoise NuRAN Wireless, déployant ses infrastructures de télécoms rurales dans une région de la République Démocratique du Congo
Source : Le magazine Jeune Afrique

Les entreprises québécoises devraient donc tirer profit de cette stratégie fédérale, en collaborant étroitement avec les délégations du Québec en Afrique, les ORPEX, Investissement Québec International, Affaires mondiales Canada, ainsi que toute organisation d’aide à l’internationalisation des affaires.

Conclusion : une stratégie à la hauteur des ambitions canadiennes

Avec sa nouvelle stratégie, le Canada affirme clairement son ambition : Faire de l’Afrique un partenaire stratégique de premier plan. En mettant de l’avant une approche basée sur l’égalité et le respect mutuel, le Canada aspire à renforcer sa coopération politique, économique et sociale avec un continent en pleine mutation.

Pour les entreprises canadiennes et québécoises, cette stratégie constitue une opportunité à ne pas manquer. Mais elle suppose aussi de bien comprendre les marchés africains, de bâtir des partenariats durables, et d’adopter une vision à long terme. Le succès de cette stratégie repose donc autant sur la volonté politique que sur la capacité des acteurs économiques à diversifier et à se projeter au-delà de leurs marchés traditionnels.

C’est dans cette même dynamique que le service Exportation d’Excellence Industrielle Saint-Laurent organise le 4 novembre prochain, un webinaire consacré aux opportunités d’affaires en Afrique. Vous y entendrez les témoignages et perspectives d’entreprises québécoises déjà actives sur le continent et aurez l’occasion de mieux comprendre les dynamiques d’un marché en pleine croissance qui pourtant parait peu lucratif et lointain. Nous espérons vivement vous compter parmi nous lors de cet événement enrichissant !

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Dans le même temps, si le marché Africain vous intéresse, nous vous invitons à remplir ce sondage afin de mettre sur pied un programme d’accompagnement qui pourra répondre à vos besoins. Notre commissaire à l’exportation Anrafath Gangbo pourra vous soutenir dans :

  • La sélection de votre marché cible
  • La planification stratégique de votre plan d’exportation ou de développement d’affaire
  • La recherche de prospects
  • L’Obtention de financements pour vos projets d’exportation vers les pays africains.