Transfert d’entreprises : le défi des entrepreneurs québécois en 2024  

13 novembre 2024

Le transfert d’entreprise est un sujet brûlant au Québec, particulièrement en 2024, où le besoin de relève entrepreneuriale est accentué par un contexte socioéconomique particulier. Nous vivons une période marquée par un déclin démographique et des transitions écologiques, numériques et sociales, qui opéreront des transformations profondes et rapides sur notre société.

La tempête parfaite de notre décennie

Deux gestionnaires en discussion devant des palettes de marchandises dans les travées d'un entrepôt

Environ 40 % des propriétaires de PME dans la province ont 50 ans ou plus, laissant présager un tournant décisif pour bon nombre d’entreprises. La nécessité d’assurer la continuité des activités, de maintenir les emplois, et de transmettre le savoir-faire se fait de plus en plus pressante, pour la santé économique des entreprises comme celle du Québec entier.

Dans un récent article du Journal de Montréal, les statistiques entourant le phénomène ont de quoi donner le vertige. Selon le Centre de transfert d’entreprises du Québec (CTEQ), on s’attend à ce que 24 000 entreprises changent de main cette année, alors qu’on parlait de 15 000 l’an dernier, ce qui représenterait une hausse de 60 %!

En juin dernier, le CTEQ communiquait que 61 % des 16 000 entrepreneurs de la province qui prévoient transférer leur entreprise en 2024 n’auraient pas de plan de transfert. « Les entrepreneurs ont tout intérêt à planifier au moins 2 ans à l’avance, ne serait-ce que pour des raisons fiscales » indique Grégory Brasseur, conseiller en transfert d’entreprise au CTEQ. « Si c’est un cadre de votre entreprise qui rachète, cela peut également être plus facile de financer 25% des actions d’abord sur 5 ans, en plus de pouvoir envisager un transfert progressif des responsabilités ».

Selon les experts, c’est d’autant plus préoccupant puisque le pourcentage d’entreprises québécoises qui fermeront leur portes, faute de relève pourrait bien grimper rapidement.

On pourrait craindre une hausse soutenue des entreprises québécoises qui passeront dans des mains étrangères, et pourtant, la tendance en investissements québécois à l’étranger s’avère être plus importante que dans le sens inverse. À preuve, en 2022, il y a eu deux fois plus d’étrangères achetées par des intérêts québécois que d’entreprises de la province vendues à des étrangers, soit 82 contre 40. On remarque par ailleurs, qu’en 2022-2023, la France s’est classée en deuxième position des pays investisseurs au Québec, juste après les États-Unis. Plusieurs facteurs pourraient expliquer cet engouement de nos cousins pour la Belle province, notamment notre stabilité socio-politico-économique, notre identité linguistique, ainsi que nos politiques sur l’innovation.

Déchargement de conteneurs de marchandises d'un bateau sur le quai un port

Construire son avenir avec la nouvelle génération 

Plusieurs défis se présentent dans le cadre du transfert d’entreprise, autant pour le cédant que pour le repreneur. Les jeunes générations, souvent bien formées et motivées, cherchent des opportunités d’affaires; elles ont toutefois des besoins de soutien et d’accompagnement, d’apprentissage et d’expérience mais aussi de financement. En revanche, les cédants font face à des difficultés liées à l’identification des candidats, à la planification du transfert et bien entendu à la valorisation et la création de richesse de l’entreprise.

Force est de constater qu’il est essentiel de créer un alignement entre les propriétaires d’entreprises expérimentés et les aspirants entrepreneurs pour favoriser une relève capable de prendre les rênes des entreprises d’aujourd’hui.

Un processus émotionnel et complexe

Le transfert d’une entreprise n’est pas seulement une question de chiffres, c’est également un processus émotionnel et complexe. Les cédants doivent souvent faire face à un lâcher-prise difficile, tant sur le plan professionnel que personnel.

De nombreux entrepreneurs ont construit leur identité autour de leur entreprise, et le départ à la retraite peut susciter des inquiétudes concernant l’isolement social, la perte de contrôle et de prestige. Il est donc essentiel de préparer cette transition sur les deux plans, personnel et professionnel.

Le transfert d’une entreprise n’est pas seulement une question de chiffres, c’est également un processus émotionnel et complexe. Les cédants doivent souvent faire face à un lâcher-prise difficile, tant sur le plan professionnel que personnel.

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De nombreux entrepreneurs ont construit leur identité autour de leur entreprise, et le départ à la retraite peut susciter des inquiétudes concernant l’isolement social, la perte de contrôle et de prestige. Il est donc essentiel de préparer cette transition sur les deux plans, personnel et professionnel.

Une planification stratégique pour un décollage en douceur

Le passage de flambeau doit donc être géré comme un projet d’affaires. Cela inclut l’évaluation de l’entreprise, l’élaboration de scénarios de financement et la mise en place d’un plan de transition des responsabilités. Par la suite, identifier un repreneur potentiel basé sur des critères d’expérience et de motivation sera primordial.

Le transfert d’entreprise est un donc un processus de transition qui nécessite une préparation minutieuse et une approche structurée et étalée sur plusieurs années pour permettre au cédant d’accompagner le repreneur. Cette période sert à bâtir une relation de confiance et une complicité entre les deux parties, essentielle pour la pérennité de l’entreprise.

Un écosystème de soutien éprouvé et performant

En s’appuyant sur des ressources externes tant publiques que privées, les cédants peuvent naviguer avec succès à travers ce parcours, préservant ainsi leur héritage et assurant la continuité de leur entreprise. Nos gouvernements l’ont compris et tous les acteurs socio-économiques s’accordent pour dire qu’il faut investir dans l’éducation, l’innovation et le mentorat pour bâtir un avenir entrepreneurial prometteur. Ensemble, nous travaillons à assurer une transition réussie et durable, essentielle non seulement pour la survie des entreprises, mais également pour la vitalité économique du Québec.

La commissaire au Soutien aux entreprises, Isabelle Marazzani, est là pour vous guider dans les multiples services existants et pour vous proposer des initiatives qui puissent répondre à vos besoins. Afin de prendre l’enjeu de front, le service travaille en partenariat avec le CTEQ à une toute nouvelle initiative de mise en relations entre les cédants et les repreneurs laurentiens.

Une question ? Contactez dès maintenant notre commissaire au soutien aux entreprises.